La salle du conseil : la forêt d'or.

Chers Oporiens, évoquons ensemble l’histoire de la « forêt d’or ». Histoire ou légende ? Certains vous diront qu’il s’agit d’une vieille fable, d’autres que c’est la véritable histoire…ce qui est sûr, c’est qu’elle a inspiré les armoiries de cette région qui figurent dans la grande salle du conseil au château.

La forêt d’or est située non loin du village de Forsigma, village de chasseurs et de bûcherons. C’est une forêt de 60 hectares, dense et verdoyante où le gibier est légion.
Un groupe de bûcherons coupe quelques arbres centenaires en son centre afin d’aménager une clairière, propice à leurs parties de chasse, ou plutôt aux veillées qui concluent habituellement ces parties. En effet, les villageois de Forsigma ont « droit de chasse » sur cette forêt. Ce privilège habituellement réservé à la noblesse a été aboli en ces lieux afin de permettre aux serfs de jouir de ce loisir et ainsi conserver une certaine aptitude à l’arc utile pour le recrutement des archers par temps de guerre. De plus, la populace voit d’un bon œil cette civilité, ce qui rend la régence des nobles dans cette région très aisée.
Alors que ces villageois défrichent la clairière, un jeune garçon bien connu du canton, vadrouille dans le coin à la recherche d’une bourse à dérober. Il n’est pas le seul à se trouver dans les parages…deux chevaliers approchent par le sud, montant leur destrier avec aisance .

-« Routchy, poussons jusqu’à la clairière que sont en train d’aménager les bûcherons de Forsigma. Nous verrons où ils en sont et nous pourrons prendre des nouvelles du coin… »

-« Comme il te siéra Kendall, je suis d’humeur vagabonde aujourd’hui. »

A leur vue, les bûcherons cessent à l’unisson leurs tâches pour respectueusement s’incliner devant eux.

-« redressez vous braves bûcherons » dit Routchy.

-« Oyé villageois, quelles sont les nouvelles ici bas ? » demande Kendall.

-« Fiers seigneurs, bien le bonjour à vous. Nous sommes heureux de vous voir chevaucher nos vertes contrées. Nous pensons avoir achevé cette clairière avant la fin de semaine et organiserons une veillée qui clôturera une grande journée de chasse. Evidemment vous serez conviés afin de diriger la battue » réponds un bûcheron à la longue barbe.

-« Merci pour cette attention, nous ne manquerons pas de venir » ajoute Routchy.

Alors que les deux chevaliers et les bûcherons palabrent, le jeune garçon, d’à peine onze printemps, s’approche furtivement des effets d’un villageois posés en bordure de la clairière. Ne trouvant rien d’interessant dans le sac, il porte son dévolu sur un arc de vieux bois.
A l’instant précis où il s’apprête à disparaître avec l’arc, un homme à la mine rustre, aux cheveux noirs comme le jade et au regard sévère la saisit fortement par l’épaule.

-« haaaaaa…….vous me faites mal, grosse brute !!! » gémit le garçon.

-« Chenapan, gredin, je m’en vais te faire voir ce qu’il en coûte de chaparder les affaires d’un honnête chasseur. »

Le garçon se débat, ce qui lui vaut un aller retour du plat de l’énorme main du villageois.

-« Hola villageois !!! Quelles sont ces manières ? » intervient Routchy qui vient de s’approcher à la vue de cette scène.

-« Monseigneur, j’ai surpris ce vil gredin en plein larcin. Il a tenté de dérober mon arc. »

-« Ce n’est pas un motif pour le mollester de la sorte. »

-« La loi est la loi Monseigneur. Qui dérobe, devant la justice répondra !!! Et je préfère me faire justice seul ! »

-« Tu y vas fort. Si justice il doit y avoir, c’est par un chevalier qu’elle doit être prodiguée » conclut Routchy.

-« Allons Routchy, une petite correction n’a jamais fait de mal, le message passe bien mieux ainsi et évite des démarches fastidieuses » ajoute Kendall.

Ainsi s’entame un débat à propos du bien fondé des procès concernant les petits larcins. Les uns et les autres campent sur leur position, si bien que la conversation débouche sur une impasse.
Alors un petit bûcheron d’âge mûr ose ajouter :

-« Mes Seigneurs…compagnons…petit…je vous propose de résoudre ce litige par un petit jeu amusant et qui aura le mérite de conclure ce différent dans la bonne humeur !
Voilà, je propose donc un petit concours de tir à l’arc. Evidemment, la personne lésée étant le chasseur, il est de bon aloi que ce soit une épreuve en sa faveur. Chacun a trois flèches pour faire le meilleur score. Le score est déterminé par la valeur marchande des cibles qui sera décidée par les représentants de l’autorité, c'est-à-dire par vous nobles seigneurs !
Si le chasseur l’emporte, il a autorité sur ce garçon pendant une année pour lui servir d’aide de chasse.
Si c’est le garçon qui gagne, le chasseur devra lui remettre son vieil arc et n’aura aucun droit sur lui et ne pourra engager aucune poursuite.

-« Cela me semble intéressant et juste si le chasseur est d’accord… » réponds Kendall.

-« C’est parfait en ce qui me concerne » ajoute Routchy.

-« Ha HA…évidemment c’est d’accord pour moi » dit joyeusement le chasseur.

-« Euh…et bien…je suppose que je n’ai pas le choix… » conclut le garçonnet.

Le chasseur empoigne alors son arc et observe les éléments.
Une brise légère venant de l’est souffle imperceptiblement, charriant avec elle les odeurs subtiles du bois fraîchement coupé mêlées aux senteurs des frêles fleurs des sous bois.

-« Pas assez forte pour apporter une correction à la trajectoire de mes flèches » se dit le chasseur.

Le soleil est encore haut dans le ciel et ne gène en rien la visée.
Le chasseur choisit de prendre pour cible un très vieux chêne de l’autre côté de la clairière, connaissant la valeur marchande de ce dernier. Il décoche sa flèche qui atteint le majestueux arbre en son centre.
Il parcoure du regard la clairière et voit un épervier survoler l’assemblée. Sans réfléchir plus, il saisit une seconde flèche qu’il décoche avec célérité sur le rapace qui chute à dix mètres du groupe.
Sous les acclamations de l’assistance, il incline la tête en signe de modestie mais avec une pointe de fierté difficilement camouflée par un petit sourire en coin.
Soudain, il décoche sa troisième flèche en direction de Routchy qui n’a pas le temps de réagir…la bourse qui se trouvait à sa ceinture se retrouve désormais ouverte, sur le sol, avec son contenu dispersé.

-« Hohoho, tu es gonflé ami chasseur, mais sacrément habile…tu seras un archer de valeur en cas de conflit ! » ricane Kendall.

-« Félicitations, tu es doué » ajoute Routchy en ramassant sa bourse.

Les deux chevaliers délibèrent alors sur la valeur des cibles.

-« Ce vieux chêne se vendrait facilement dix pièces d’argent au marché du bois de Petit-Pont, et cet épervier t’en rapportera à coup sûr cinq. Quant à ma bourse, elle contient quarante trois pièces. Tu as donc totalisé cinquante huit pièces d’argent avec tes trois flèches. Joli score l’ami !!! » annonce Routchy.

-« A toi jeune effronté : » poursuit Kendall en lui tendant trois flèches.

Le jeune garçon s’exécute et place maladroitement la première flèche qu’il décoche hasardeusement sur un sapin tout proche. Il fait mouche de justesse, à ras du sol. Il entreprend ensuite de viser un lapin inconscient qui regarde curieusement les compères à 30 mètres. Il rate la cible d’au moins 10 mètre et le lapin disparaît dans la forêt.
Pour sa troisième flèche, l’enfant décide de tenter le tout pour le tout en visant un nouveau rapace posé au sommet du chêne précédemment touché par le chasseur.

-« Petit, tu es fort présomptueux… ce tir est très difficile, et tu n’as pas fait preuve d’une grande habileté jusque là ! » l’interromps le chasseur.

Beau joueur, ce dernier lui propose de toucher simplement l’arbre pour le considérer vainqueur.
Le garçon tend l’arc en tremblant, ses bras étant trop petits, il lâche la flèche qui se dirige droit vers l’arbre quand le vent se met à souffler soudainement de l’ouest, déviant la flèche qui passe de peu à côté de sa cible.

-« Non !!! je n’ai pas de chance ! » peste le jeune garçon !

-«Nul besoin de calculer pour dire que tu as perdu bonhomme !!! » précise Kendall.

-« bien, mon garçon, tu devras m’accompagner dans toutes mes parties de chasse pour aller ramasser mon gibier et le porter. » annonce le chasseur goguenard.

La voix du vieil homme qui avait eu l’idée de ce concours se fait entendre non loin de là, à côté du vieil arbre.

-« messieurs, venez voir !!! »

L’assemblée entière se dirige vers le vieux bûcheron, et aperçoit derrière le chêne, la flèche, fichée dans le sol.

-« approchez vous…approchez vous !!! »

Là, à l’endroit précis où se trouve la flèche, scintille un petit caillou. Routchy repousse avec sa main les lichens sur le sol et découvre une veine de roche et d’or.

-« sacrebleu ! tu es surprenant petit !!! Tu viens de découvrir une mine d’or !!! » s’exclame Kendall.

C’est ainsi que le garçon gagne son concours, sa liberté, un vieil arc et des monceaux d’or.
Depuis ce jour, cette forêt s’appelle la « forêt d’or » et l’on peut encore y trouver une mine d’or en activité qui participe à la prospérité du royaume de l’OPOR.
Les armoiries de la contrée montrent un arbre fiché d’une flèche en or avec un aigle à son sommet. Traditionnellement, on pose des arcs précieux devant elles.

Par contre, des rumeurs accompagnent cette histoire et agrémentent certaines conversations dans les tavernes encore aujourd’hui :

Certains disent que le vieil homme connaissait l’existence de cette veine d’or et a déplacé la flèche pour venir en aide au garçon.
D’autres racontent que le vent qui a dévié la flèche était un signe divin.

Magnifique ! Continue comme sa. Et j'espère bien sur qu'il y aura une suite.

Moi aussi, c'est géniale! Et le Noodlesland?

une autre une autre!